Destruction des barrages : Des attitudes incompréhensibles !
Depuis 2 ou 3 ans nous voyons ressurgir, soit dans les médias soit lors de réunions des commissions locales de l'eau, des positions extrêmement tranchées de la part des propriétaires des moulins situés sur les rivières du département.
Ceux-ci, organisés en association intitulée "les amis des moulins" interviennent régulièrement au sein de la CLE de la Sarthe-Amont.
Au début, leurs prises de paroles pouvaient paraître excessives, mais elles gardaient un caractère constructif, apportant, si je peux me permettre cette image, de l'eau au moulin de la discussion sur la question de la continuité écologique dans nos rivières.
Puis petit à petit, les positions sont devenues de plus en plus pressantes, les membres de l'association semblant ne pas mesurer combien nous entendions et nous prenions en compte leurs demandes.
Lors des travaux d'élaboration du SAGE (schéma d'aménagement et de gestion des eaux) de la Sarthe-Amont, nous avons d'ailleurs créé une commission essentiellement consacrée à cette réflexion sur la continuité écologique, justement pour que chacun puisse exprimer son point de vue, et pour lever toute ambiguïté sur une quelconque volonté cachée de destructions des barrages et autres retenues qui pourraient gêner la bonne circulation des poissons et des sédiments.
Mais rien n'y a fait...
Alors que nous avons pris en compte les remarques des représentants des propriétaires des ouvrages, alors que nous avons sans cesse réaffirmé qu'aucune mesure ne serait prise de manière unilatérale, et qu'au contraire notre objectif était de rechercher l'amélioration de la qualité de l'eau dans le respect de l'intérêt de chacun, nous continuons de nous heurter à une fin de non recevoir de leur part.
Ces comportements sont incompréhensibles !
La DCE (directive cadre européenne) a défini en effet un objectif de bon état écologique des cours d'eau , en fixant des délais aux états pour rendre ces cours d'eau compatibles avec cette recherche de la qualité de l'eau et des milieux qui s'y rapportent.
La France a traduit cette directive dans une loi qui date de 2006. Tout cela est bien réel. Mais ni la directive, ni la loi ne disent que tous les barrages doivent disparaître pour rendre une totale liberté à l'eau qui circule dans nos rivières.
Les deux laissent au contraire carte blanche aux acteurs locaux pour définir les modalités de mise en oeuvre pour atteindre ce bon état écologique qui devrait intéresser tout le monde.
C'est ainsi que les CLE (commissions locales de l'eau) se sont emparées de ces questions puisqu'elles regroupent toutes les composantes administratives, professionnelles, politiques et associatives concernées.
Bien sûr, chacun peut, même après de longues discussions, rester sur sa position initiale. C'est comme cela que malgré une réelle écoute de la part des membres de la CLE de la Sarthe-Amont, vis à vis des "amis des moulins", ceux-ci ont choisi de voter contre le projet de SAGE que nous avions pourtant élaboré ensemble. Ceci n'a pas empêché son adoption puisqu'il a été voté par 37 voix pour et 4 voix contre. Mais il est plus difficilement acceptable que par le biais des médias, et en tentant de dénaturer les propos des uns et des autres, ce lobby des barrages diffuse de fausses informations.
Les positions que nous avons adoptées au sein de la CLE de la Sarthe-Amont, comme celles que le Conseil Général de la Mayenne a votées vendredi dernier sont extrêmement respectueuses de ce patrimoine que constitue les ouvrages, retenues et autres barrages. Seuls les aménagements possibles ont été retenus. Nous avons par exemple donné un avis défavorable au classement de la rivière la Mayenne, sur sa partie fluviale, dans la liste des cours d'eau devant être aménagés pour faciliter le passage des deux poissons que sont, la lamproie et l'alose.
Nous avons par contre admis le classement pour l'anguille, parce que nous savons que, pour elle, le franchissement est plus simple, et ne nécessite pas de travaux importants. Tout juste devons-nous mettre à sa disposition une rampe rugueuse pour lui permettre la remontée vers l'amont de la rivière, quand elle ne choisit pas de passer à travers champ...
Il est donc vain, et un tant soit peu inconvenant, de continuer de faire croire que la volonté finale consiste à mettre à bas tous les barrages de France et de Navarre.
Comme mes collègues de la commission "environnement" du Conseil Général, je me suis rendu sur les bords du Vicoin pour constater tout à la fois, une grande satisfaction des propriétaires qui avaient accepté que des travaux d'abaissement soient réalisés au droit de leurs moulins, le maintien d'un niveau d'eau suffisant pour alimenter leur bief, et la possibilité pour tous les poissons d'évoluer à leur aise.
Ces exemples devraient suffir à convaincre. Il est permis de rêver !