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Ecole rurale : Ecole de proximité

18 Juin 2011 , Rédigé par Daniel Lenoir Publié dans #L'actu de la semaine

Le débat sur la dimension des écoles semble ressurgir une fois de plus. Est-ce spécifique à la Mayenne ? Est-ce une volonté Nationale ? La proposition de constitution de pôles de 6 classes minimum est en tout cas avancée par l'inspectrice d'académie de la Mayenne.

Cette idée est pour le moins étonnante dans un département où la densité de population est faible en zone rurale, et où l'équilibre a été trouvé dans la grande majorité des cas autour de 3 ou 4 classes.

J'ai pris soin de regarder la répartition des écoles publiques sur le département en fonction du nombre de classes qu'elles renferment. En dehors des trois villes à l'intérieur desquelles l'organisation scolaire tient plus compte de choix municipaux que de contraintes géographiques, le département totalise un peu plus de 150 écoles publiques, maternelles et primaires confondues, dont 1/3 seulement ont 6 classes et plus. Il reste donc 105 écoles dont les effectifs varient de 25 élèves pour la plus petite, à 135 pour la plus grande et qui se répartissent en 20 écoles de 2 classes, 34 de 3 classes, 25 de 4 classes, et 26 de 5 classes.

De tels chiffres nous montrent à quel point la proposition de l'Inspection Académique pourrait bouleverser le paysage des écoles rurales.

J'ajoute, qu'au sein de ces écoles, figurent 34 RPI (regroupements pédagogiques intercommunaux) dont le nombre de classes ne dépasse pas 5. Seule 1 école constituée en RPI compte 6 classes sur un même site. Ce qui porte le nombre de ce genre de regroupements à 35 pour l'enseignement public en Mayenne.

Pour ne pas trop vous abreuver de chiffres, je termine cette énumération en vous indiquant que 21 des RPI sont dits "dispersés", c'est à dire que leurs classes sont sur plusieurs sites, et 14 sont dits "concentrés", sur un même lieu.

Tout cela est le résultat de l'histoire locale, de la volonté des parents, des enseignants, et des élus de préserver un service de qualité et relativement proche des familles.

C'est aussi la conséquence d'une densité de population assez faible, qui limite les possibilités de recrutements, sauf à faire faire de nombreux kilomètres aux enfants, dans nos véhicules de transport scolaire.

S'il est prouvé que le maintien des instituteurs, jeunes en particulier, dans les écoles rurales isolées est difficile, rien ne nous indique par contre qu'il est nécessaire de regrouper au moins 6 classes pour connaître un fonctionnement normal dans nos écoles.

A ce sujet, je partage totalement le point de vue de Jean ARTHUIS qui s'exprimait récemment dans "Ouest-France", qui émettait plus que des doutes sur cette démarche de concentration des lieux d'enseignement.

Je suis moins en phase avec lui concernant la scolarisation des élèves de 2 à 3 ans. Nous ne pouvons pas nier l'intérêt, social,  pédagogique et financier d'une scolarisation précoce. Le milieu rural est moins bien doté de lieux d'accueil pour la petite enfance, que le sont les villes plus importantes, et les communes ne seront jamais à même d'offrir ces services sans contraindre les enfants à effectuer de longs déplacements. Il faut donc admettre, si nous voulons garantir également le travail des assistantes maternelles, que l'accueil des enfants en bas âge leur revient, et que l'éducation nationale doit être en mesure de prendre le relais pour permettre aux enfants de connaître une première étape de socialisation et d'apprentissages à proximité de chez eux.

C'est l'expérience que nous avons connue à titre personnel, comme de nombreuses familles rurales sans que personne ne s'en plaigne, me semble-t-il.

Nous sommes bien d'accord, c'est l'intérêt de l'enfant qui doit primer !

Tout n'est pas figé.

Ce n'est pas parce que je souhaite le maintien de certains moyens mis en place par l'éducation nationale, que je ne suis pas convaincu que nous pouvons évoluer.

Depuis plusieurs années, je milite moi aussi pour que les écoles isolées, au sein d'un RPI, envisagent de se regrouper sur un même site. Le Conseil général a tenté de convaincre les élus des communes concernées pour qu'ils réfléchissent, en particulier lors de travaux sur leurs écoles, sur la possibilité de transfert de la classe isolée dans le bourg voisin. Nous savons en effet que le recrutement du professeur des écoles y est difficile, de même qu'est compliqué et coûteux le transport des élèves d'un site à l'autre.

Nous avons peiné à nous faire entendre.

Je garde en mémoire, ce jour où un maire qui siégeait en même temps que moi au CDEN (conseil départemental de l'éducation nationale) faisait des pieds et des mains pour que la classe qui devait fermer sur son RPI de 3 classes ne soit pas celle qui était seule à 3 km, mais l'une des 2 autres situées dans la commune d'à côté.

Il avait, à mon grand regret, obtenu gain de cause. Ce RPI fonctionne donc depuis avec 2 classes isolées, ce qui pose des problèmes de cantine et des problèmes de transport.

Privé/public : Peut-on s'entendre ?

Cet exemple, que je ne nommerai pas m'amène à relever une autre suggestion lue également dans la presse récemment, qui consisterait à rechercher une mutualisation des moyens entre ces petites écoles d'un même territoire, qu'elles soient privées ou publiques.

Sacrilège! Sans doute.

Mais il faut regarder les choses en face. Sur le territoire du RPI que j'évoquais dans les lignes au-dessus, il existe un autre RPI, privé celui-là.

L'un compte 42 élèves et l'autre 32. Les 2 nécessitent un moyen de transport. Les taxis se croisent sans doute... quant aux cantines, vous imaginez la situation.

L'idée d'un rapprochement est à coup sûr, la proposition la plus intelligente qui soit.

Le chantier de la petite enfance et de la scolarisation en milieu rural est donc essentiel pour nos territoires, et je préférerais de très loin que nous prenions ensemble, communes, Conseil général et Inspection Académique, le temps d'une réflexion constructive, plutôt que de continuer de subir des fermetures, qui inéluctablement aboutiront au même point, la concentration.

 

 

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Sécheresse : Les paysans en difficulté !

12 Juin 2011 , Rédigé par Daniel Lenoir Publié dans #L'actu de la semaine

Le mot est maintenant clairement prononcé ; La sécheresse sévit sur une bonne partie du pays, et particulièrement sur l'Ouest de la France. Ce ne sont pas les quelques orages, ni même la pluie de ce week-end qui effaceront le déficit hydrique que nous connaissons depuis plusieurs mois.

La première préoccupation va généralement vers les agriculteurs, et cela est bien normal. N'est-ce pas eux qui, pratiquant des cultures, exploitant des prairies sont les premiers touchés par le manque d'eau ?

L'agriculture est en effet intrinsèquement consommatrice d'eau dans tous ses processus de production.

La solidarité s'impose donc d'abord envers eux, et il est légitime qu'ils appellent à l'aide pour passer cette période exceptionnelle, en tout cas souhaitons-le, et subvenir à leurs besoins pour la nourriture des animaux ou le cas échéant, un arrosage ou une irrigation.

Impôt "sécheresse"...

Agriculteur moi-même, je ne revendiquerai pas pour autant le moindre impôt "sécheresse". Il nous rappellerait trop l'année 1976, qui fut terrible pour bon nombre de paysans à cause du manque d'eau, et qui fut dévastatrice en terme d'image de notre profession auprès du grand public.

La solidarité doit commencer d'abord au sein même de la profession. Je forme le voeu que les céréaliers les moins touchés, les agriculteurs des régions qui connaissent de moindre pénuries, gardent cet esprit d'entre-aide qui avait prévalu en 1976, permettant aux paysans de l'Ouest d'aller s'approvisionner en paille dans la Beauce et autres régions céréalières.

Mais elle impose aussi une interrogation sur notre capacité à surmonter de tels événements climatiques, parce que la sécheresse est avant tout un phénomène naturel. L'histoire nous rapporte d'ailleurs de nombreux récits des années 1921, 1949, 1976 bien entendu, mais aussi plus proches de nous, 1994 et 2003.

Ces années, comme les années d'excès d'eau, ont permis, ou contraint, c'est selon, une remise en cause de certaines pratiques agricoles.

Gageons que l'année 2011, même si la pluviométrie redevenait normale cet été, sera aussi l'occasion de réflexions sur l'usage de l'eau en agriculture.

Le paysan sait qu'il est tributaire de la nature, et bien malheureux est celui qui l'oublie.

Mais la tentation est forte de vouloir transgresser quelques règles à la recherche d'un profit immédiat. Certaines régions n'ont connu le développement de la culture du maïs par exemple que grâce à l'irrigation. Les agriculteurs ont donc pompé allègrement la nappe et cela n'inquiétait personne, au moins  pendant ces années où l'eau ne manquait pas.

Seulement voilà, ils ont été de plus en plus nombreux à pratiquer cette technique, et il est apparu rapidement que la nappe n'était pas inépuisable, et au surplus, elle pouvait être vulnérable, sensible donc aux risques de pollution. 

Une ressource protégée.

Inévitablement des mesures de restriction sont intervenues.

Elles ont été quelquefois pourfendues par les agriculteurs qui voyaient  là l'influence néfaste des "écolos". Pourtant, ces "quotas" ne faisaient que rappeler que l'eau est un bien commun, et qu'en conséquence elle doit être partagée.

Les choses se sont organisées autour de ces problématiques.

Les Préfets ont autorité pour réguler l'usage de l'eau en période de crise, mais une réflexion plus globale a été engagée dans chaque bassin versant de rivière ou de fleuve pour la gestion de cette ressouce si indispensable à la vie.

C'est comme cela que nous avons vu naître les "fameux" SAGE (schéma d'aménagement et de gestion de l'eau)  dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises. Ils sont élaborés par une commission locale de l'eau (CLE) composée de toutes les catégories socioprofessionnelles, des administrations, des collectivités, des associations, etc... sur le territoire d'un bassin versant. Pour mémoire, le département de la Mayenne compte un bassin versant  principal qui couvre la rivière la Mayenne, et plusieurs autres bassins versants comme celui de la Sarthe-Amont qui concerne une vingtaine de communes du nord-est du département.

La démarche participative à laquelle nous assistons dans ces instances et l'engagement de tous les acteurs qui vivent sur le territoire nous montre à quel point l'eau est une préoccupation forte.

Elle fait émerger des idées qui doivent être partagées par tous, pour garantir la ressource en eau tant en quantité qu'en qualité.

Elle n'a donc pas manqué de soulever cette question des pratiques agricoles consommatrices en eau. Des agriculteurs, pas tous j'en conviens, ont entamé à partir de cela un processus d'expérimentation de techniques les moins consommatrices, et une plateforme d'essais comparatifs des trois pratiques, conventionnelles,  de conservation ou biologiques est en train de voir le jour à Courcité, en Mayenne.

Une responsabilité partagée.

Cette démarche des agriculteurs ne devra pas nous faire oublier, à nous tous consommateurs, que notre comportement peut aussi impacter la ressource en eau.

A ce titre, je notais récemment dans un rapport sur l'usage de l'eau potable en Mayenne, que la consommation des Mayennais était stable depuis une dizaine d'années, et se situait autour de 20 000 000 de M3 d'eau par an. La preuve que l'économie est devenue la règle chez bon nombre d'entre nous, et que nous avons bien fait d'abandonner ce projet de barrage à Saint Calais du désert.

Nos amis des moulins

La sécheresse que nous connaissons justifie-t-elle pour autant la levée de bouclier des défenseurs des barrages et moulins face à l'arasement de certaines de ces retenues ? Je ne le crois pas. Si les barrages et autres perrés peuvent avoir leur place sur une rivière ce n'est certainement pas pour y maintenir une flaque quasi stagnante comme c'est le cas en cette période d'étiage.

Nous devrons plutôt inviter chacun à poursuivre son effort de réduction de sa consommation en eau et encourager les collectivités et les gestionnaires des réseaux d'eau potable à réduire les fuites de leurs tuyaux qui peuvent atteindre plus de 40 % des quantités pompées.

 

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