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Energie, un sujet à la mode et pour longtemps !

18 Novembre 2018 , Rédigé par Daniel Lenoir

 

 

Cette question concerne évidemment chaque humain sur terre. Mais, difficile de dire que chacun est confronté au problème de la même manière.

 

L’émergence des fameux « gilets jaunes », couleur surprenante pour des manifestants alors qu’elle symbolise depuis des décennies les briseurs de grève, vient remettre la question de la dépendance à l’énergie au cœur des débats de la société.

 

L’approche de ce nouveau mouvement est à l’inverse de la quasi-totalité des discours actuels qui, de manière partagée s’accordent pour réduire cette addiction.

 

Elle fait fi des questions environnementales, c’est une évidence, mais elle fait fi aussi de toutes les logiques économiques qui conduisent à une incapacité à maintenir ce niveau de consommation sans impacter sérieusement le pouvoir d’achat et l’état de la planète.  

En effet, la raréfaction des ressources, les tensions internationales, les conséquences climatiques qu’il faudra bien corriger, nous amènent inexorablement vers une augmentation des tarifs des produits pétroliers.

 

Il faut donc admettre que l’ère de la voiture individuelle est derrière nous.

Peut-être sommes nous à son apogée et que cette perception commence à se faire sentir collectivement, générant une forme de panique pour toutes celles et tous ceux qui découvrent cette réalité sans avoir forcément les moyens de s’adapter rapidement.

 

En tout cas, cela nous donne une responsabilité. Une de plus !

 

Celle d’accompagner la population et je pense bien sûr à la population rurale, pour entrevoir une issue et surtout la préparer avec elle.

La mobilité était déjà depuis longtemps une préoccupation dans nos territoires ruraux, mais elle portait principalement sur les personnes isolées, n’ayant de véhicule ou ne pouvant plus conduire. Elle concerne maintenant de plus en plus une nouvelle catégorie. Celle des salariés aux horaires variables, aux emplois variables (intérim, missions courtes…) dont la dépendance à la voiture devient évidente sur le plan financier alors qu’elle était auparavant synonyme de liberté.

 

Il faut l’entendre. Mais il faut aussi être courageux et dire clairement que cette époque est révolue ou en passe de l’être.

 

Il y a 50 ans, nous ne circulions pas comme nous le faisons aujourd’hui. Dans 30 ans nous ne circulerons plus non plus comme nous circulons aujourd’hui.

 

Le déplacement collectif, ou semi collectif permettra peut-être de réduire notre dépendance.

La motorisation évoluera à coup sûr.

Les déplacements dits « doux », en particulier le vélo électrique devront se développer de manière importante. Les villes, les villages et les aménageurs de toute catégorie devront en tenir compte à chaque fois que des travaux de voirie seront prévus.

Mais les changements peuvent être encore plus radicaux. Ils porteront aussi sur la répartition de l’habitat dans le territoire.

Les collectivités ont un rôle essentiel dans ces réflexions parce que c’est à elles que reviennent les choix des aménagements et des équipements sur le territoire.

 

Cela ne répond en rien au cri de colère qui s’exprime actuellement, mais chacun sait que la colère n’est jamais bonne conseillère et qu’elle peut même être dangereuse quand elle est collective.

 

Il n’y a donc pas d’autres solutions, que de faire retomber le soufflet et de reprendre ces questions calmement en recherchant des pistes, qui prendront inévitablement du temps, parce qu’il ne peut s’agir que d’adaptation et parce qu’elles auront à coup sûr des conséquences sur nos modes de vie.

 

Il faudra pour cela que nous soyons accompagnés, par les collectivités supérieures, par l’Etat, et j’y crois, mais il faudra aussi vaincre les lobbys d’un côté et les égoïsmes de l’autre.

Pour les territoires ruraux, c’est à une véritable révolution qu’il faut se préparer. Révolution bien sûr dans notre organisation sociétale.

 

Certains territoires y travaillent déjà depuis quelques années. C’est le cas à la CCMA.

 

Notre démarche de TEPCV n’est rien d’autre qu’une avancée vers ces changements et elle va se voir complétée par cette nouvelle action autour de la mobilité douce en secteur rural dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI), French Mobility que nous avons intitulée : « Tous à bicyclette ».

 

Tout cela est sans doute très audacieux mais je ne vois pas d’autres issues que de se tourner vers une recherche d’autonomie énergétique, qui ne doit pas s’arrêter à l’autonomie électrique, même si la fourniture d’électricité peut être partie prenante de cette autonomie.

 

Parce qu’il y a une chose qui ne me parait pas possible de remettre en cause, c’est l’envie et le besoin de déplacement, que l’on soit urbain ou que l’on soit rural.

 

Plusieurs pistes existent donc !

La première consiste à modifier son mode de déplacement. D’un déplacement individuel, faire un déplacement collectif ou semi collectif.

La deuxième serait de passer d’une voiture à un vélo, électrique si besoin, ou à tout autre engin à imaginer, en particulier pour les trajets courts, et ils sont nombreux.

La troisième porte sur la motorisation.

Un territoire rural connait des handicaps dans le domaine des mobilités, je n’y reviens pas, mais il a des atouts, c’est l’espace et les ressources dont il dispose et qu’il peut valoriser.

Là j’en vois deux au moins.

Le premier, c’est le Bio GNV qui peut être produit localement à partir de matières agricoles, ou agroalimentaires ou autres.

Sa production sur place est remplie d’avantages. Elle génère une activité économique et d’emplois locaux, elle constitue un complément en particulier pour l’agriculture et elle s’exonère des variations des prix et de la dépendance à telle ou telle situation nationale et internationale.

Ce carburant est facilement utilisable dans nos véhicules actuels, moyennant quelques modifications de carburation.

 

 

Le deuxième, c’est l’électricité.

Elle aussi représente une solution locale très intéressante, d’autant qu’elle est déjà mise en œuvre de manière importante dans certains secteurs dont nous faisons partie.

Mais tout cela nécessite de l’espace et il faudra bien, pour réussir cette transition, que nous puissions partager cet espace entre l’habitat, les services, les voies  de communication, la production agricole alimentaire et la production industrielle et artisanale dont fait partie la production des énergies renouvelables.

 

Il n’y en effet rien d’incongru à ce qu’une partie (petite au demeurant) des sols puisse être consacrée à la production énergétique sur un territoire.

Patrick Caron, Président du groupe d’experts de haut niveau du comité des nations unies sur la sécurité alimentaire, écrit dans la préface d’un livre collectif, dont la rédaction est d’ailleurs pilotée par un Mayennais, Christian Férault *: « Il faudra renouer avec la fonction énergétique assignée à l’agriculture après l’exception historique d’une production quasi exclusivement dédiée à l’alimentation ».

L’agriculture elle-même est grosse consommatrice d’énergie, or, elle est une des mieux placées pour tirer profit de cette nouvelle activité, parce qu’elle a l’espace et les matières. Il serait regrettable qu’elle ne s’en empare pas.

Les technologies évoluent très rapidement dans ces domaines et nous laissent percevoir des perspectives intéressantes.

En quelques chiffres, et parce que je sais que cela fait débat. Couvrir les besoins électriques des foyers d’une commune comme Villaines la Juhel (2900 hts) nécessitent aujourd’hui une surface de 7 à 10 ha de panneaux photovoltaïques, s’il s’agit de la seule source. Ce qui représente 0,3% de la surface de la commune. Y ajouter les besoins électriques de recharge de voitures serait peu impactant.

Plus largement, si l’on résonne à l’échelle de notre communauté de communes de 17 000 hts, les besoins actuels des 8000 foyers qui y résident représentent de l’ordre de 45 à 50 millions de Kwh/an. Or, une partie de l’électricité est déjà fournie par les éoliennes (70 % des besoins totaux du territoire).

Je fais donc l’hypothèse que 70 % des besoins peuvent venir de l’éolien. Il reste 30 % à trouver auprès du PV, soit 15 millions de Kwh/an.

Ces besoins représentent la capacité d’une surface de 20 ha de panneaux, soit pour la CCMA qui compte 58400 ha, 0,03 % de sa surface. Est-ce inconcevable ? Je ne le crois absolument pas. C’est nettement moins en tout cas que ce qui est consacré aujourd’hui à des productions « énergétiques » comme le bio éthanol (de l’ordre de 1 % annoncé) et dont le bilan est d’ailleurs très contesté.

Couvrir les besoins en gaz est possible aussi. Et s’il fallait y adjoindre quelques hectares de cultures énergétiques, y aurait-il un sacrilège ?

L’histoire de l’agriculture a montré qu’elle fournissait ses propres besoins en énergie jusqu’au milieu du siècle dernier. C’est ce qu’évoque Patrick Caron.

Ces éléments sont source d’espoir. Mais ils montrent aussi le chemin à parcourir.

Ils ne sont mobilisables, qu’une fois la confiance retrouvée. L’échelle de nos territoires et la relation reconnue comme privilégiée entre la population et les élus locaux que nous sommes, nous confère sans doute un rôle particulier pour retisser des liens et créer les conditions d’une évolution qui sera notre salut.

Le maintien d’un statut quo dans ce domaine serait au contraire les prémices d’une mort annoncée des territoires peu denses. Ce que je ne veux pas !

 

* La sécurité alimentaire mondiale, état des lieux et prospectives. Sous la direction de Jean –louis Rastoin et Christian Férault.  Publié chez l’Harmattan

 

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